William Klein

Publié le 03/04/2024 08:58
William Klein

Culture photo : Serge nous présente "Wiiliam Klein" (1926-2022)

William Klein a passé son enfance dans la pauvreté et fréquenté les mauvais quartiers de New York. Après la guerre, démobilisé, il bénéficie d'une bourse et s'installe à Paris. C'est là qu'il rencontre Jeanne FLORIN, une Française qu'il croise par hasard dans la rue alors qu'elle circulait à vélo. Elle devient mannequin et reste sa compagne pendant 50 ans.

De retour dans sa ville natale, New York, avec un Leica acheté d'occasion à Henri Cartier Bresson, William Klein entame son aventure photographique. Cependant, ses photos sont jugées trop radicales et ne trouvent aucun écho. Il rejette tous les codes en vigueur à l'époque, affirmant : "J'ai toujours détesté la brume, les effets de draperie, les mises en scène à la con". Il n'était pas convaincu non plus par la photographie sentimentale, humaniste et nostalgique de son époque.

Alors que Henri Cartier Bresson était un observateur distancié et invisible, privilégiant une composition rigoureuse et géométrique, William Klein interpelle les gens qui regardent l'objectif, les rendant acteurs de l'image. Il préfère les photos floues, décadrées, montrant des humains coupés en deux ou serrés dans le cadre grâce à un objectif grand angle.

Malgré tout, ses images séduisent Alexander Liberman, directeur de Vogue, qui lui offre un contrat en 1954. William Klein passe ainsi de la photographie de rue à la photographie de mode. Il bouscule les mannequins, les fait fumer comme des pompiers, les fait grimper sur les toits et surtout les confronte aux passants dans la rue et la vie quotidienne.

Après la publication de son premier livre sur New York en 1956, l'un des ouvrages les plus mythiques de l'histoire de la photographie, il réalise trois autres livres sur Rome, Moscou et Tokyo, dans le même style spontané et accidenté. Pasolini signe les textes du livre sur Rome, et Fellini déclare : "Rome est un film, Klein l'a réalisé". Pour Tokyo, il a une influence majeure sur la carrière de Daido Moriyama : "J'avais 20 ans et soudain ça avait de la gueule de faire de la photo".

Après la publication de quatre livres, William Klein abandonne la photographie pour se consacrer au cinéma radical. Ses films sont marqués par un engagement politique à gauche. Provocateur, iconoclaste, solitaire, toujours en marge et guidé par l'instinct, il adopte un style libre et accidenté, souvent imité mais jamais égalé.

Il entretient une relation d'amour-haine avec son pays, critiquant l'illusion du rêve américain et le consumérisme. Installé depuis l'après-guerre (1947) dans un appartement en face du jardin du Luxembourg, même en chaise roulante, il n'hésitait pas à repousser les admirateurs encombrants, à envoyer promener les journalistes et à critiquer Donald Trump.

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